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L'Actu des Pintades !
5 février 2009

Taxi without the attitude...

20070706pedicabCe jour-là, j’aurais dû être candidate au suicide. Ça m’aurait permis d’apprécier le moment…. « Enjoy the ride », comme ils disent ici. « Enjoy the ride, my arse ! ». Ça a commencé après avoir attendu 20 minutes par moins 15 degrés qu’un taxi ne daigne s’arrêter, après m’en être fait piquer 3 ou 4 par des candidats passagers bien mieux équipés que moi pour courir après le yellow cab et après avoir failli perdre mon appendice nasal à cause du froid. J’ai capitulé. Je m’étais déjà fait accoster par une demi-douzaine de conducteurs de rickshaws, les pedicabs, comme on les appelle ici. Ils m’ont abordée en criant  « Miss, miss, you want a ride, you want a ride !!!» Pourquoi me suis-je sentie un peu comme une vieille pute ? « tu montes, tu montes ». J’ai résisté aussi longtemps que j’ai pu. Moi dans une charrette tirée par un gugusse en train de pédaler ? C’est de l’exploitation de la femme par l’homme. Non, pas question. Plutôt creu…. Euh, bon ok. Je monte.
Me voilà assise dans la charrette, avec mon chauffeur, un grand Slave répondant au doux nom de Dmitri, le menton taillé à la serpe, le corps musclé, le mollet frétillant, les tendons tendus tels des arcs, prêt à faire jaillir son pousspouss, s’élançant à l’assaut de la 5e Avenue. Moi, les cheveux au vent, me disant « Oh mon dieu, mais pourquoi n’ai-je pas dit oui plus tôt, c’est génial ! Grisant, quel plaisir, quelle liberté… » C’est à ce moment que la charrette s’est pris le pneu dans un des nombreux trous de la chaussée. Bond de 3 mètres de haut. Dmitri s’est retourné pour s’assurer que j’étais toujours sa passagère, et toujours en vie. Oui, le séant meurtri mais toujours en vie … Comme le pauvre, préoccupé de s’assurer que sa passagère n’était pas passée de vie à trépas, ne regardait pas la route, il a manqué de percuter un taxi, ce qui a eu pour effet de provoquer l’ire de son conducteur, qui a éructé quelques insultes contenues derrière les vitres du véhicule.  À droite, se profilait une camionnette qui a eu la bonne idée de faire une queue-de-poisson à Dmitri. C’était donc à son tour d’être furieux. Il a donc gratifié le chauffeur d’un bon « Fuck you ! », très charmant avec l’accent russe. Ce à quoi le conducteur de la camionnette a répondu « No, you, Fuck YOU ! » « You fuck you ». J’étais prête à dire « Cmon, gentlemen, on ne va pas s’étriper pour si peu ». Et puis je me suis dit que je n’étais pas casque bleu de la Finul et qu’on n’était pas au Sud Liban…  Donc, je ne suis pas intervenue…
Toutes ces aventures en moins de 5 blocks… Et encore 15 de plus à parcourir. Une petite voix m’a murmuré à l’oreille, vous savez, la Voix-de-la-sagesse : « Tu devrais descendre, parce que si tu as survécu, rien ne dit que la chance ne va pas tourner ! » Maintenant, Dmitri était aux prises avec un bus. Vu depuis la charrette, un bus new-yorkais, c’est comme un char d’assaut Nazi en pleine bataille de Stalingrad. Mais Dmitri n’allait pas se laisser intimider. Son sang slave ne fit qu’un tour et le voilà qui a emboîté le pas de la bête de métal. Et moi, me voilà collée à son pot d’échappement, au bus, pas à Dmitri… les poumons brûlés par les gaz toxiques, me demandant de qui se moque-t-on en lisant « up-close-and-personal », le sticker collé au cul du bus : « Ce bus utilise du carburant non polluant »
Je me suis dit que si je n’avais pas porté des chaussures à talons, je ne serais sauvée en courant au prochain feu rouge. Wishful thinking, car en fait Dmitri ne s’est jamais vraiment arrêté à aucun feu rouge. Il les a tous grillés allègrement. Il ne s’est vraiment arrêté que quand un camion d’UPS nous a coupé la route. Et le désastre est arrivé : Dmitri a pilé. J’ai cru que j’allais tomber du chariot. Je me suis cramponnée aux rambardes, et c’est mon sac à main qui a fait un vol plané sur 5e Avenue. Les yeux rougis par la pollution, j’ai crié, Dmitri a eu une grimace d’horreur, j’ai senti la colère me submerger, et puis, un passant a éclaté de rire, et s’est baissé pour ramasser mon sac. « Here it is, maam ! »
Je ne peux que vous recommander de prendre un pedicab la prochaine fois que vous venez à New York. Vous verrez, c’est vraiment un condensé de New York lifestyle!

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